lundi 5 janvier 2009

Guillaume chez les Soviets, tome 1

Bonjour à vous, tovarichi

Voici inauguré, en temps réel devant vos yeux éblouis et cela grâce à la magie magique de la technologie, le premier épisode de la saga nordique Guillaume chez les Soviets. La longueur en est compensée par la faiblesse du tirage.

Épisode numéro Un : Guillaume arrive et Saint-Pétersbourg l’acclame comme un Dieu
Le premier contact avec Saint-Pétersbourg, à l’aéroport, est des plus chaleureux et mes contacts avec les Russes me ravissent dès le premier abord. Tout d’abord, la douanière qui martèle violemment de son tampon mon beau visa tout neuf, puis le préposé de l’université qui est venu me chercher a l’aéroport, énorme buffle en camisole qui sent la bonne sueur virile. Un sourire niais aux lèvres et les deux bras probablement allongés de 30cm par mes valises, je le suis dans sa camionnette branlante et nous nous mettons en route vers la cité de toutes les découvertes.

Je passe les trente premières minutes du trajet à lire tous les panneaux en cyrillique en n’y croyant pas moi même. Ce moment de contemplation passé, je me mets à observer les lois de la conduite automobile en Russie, ce qui s avère très intéressant. Voici un échantillon de mes observations:
-Les changements de voie ne se font pas par l’attente du moment propice, mais par la provocation très proactive de ce moment.
-Une lumière rouge n’est pas un motif raisonnable pour s’arrêter à un coin de rue.
-La ligne d’arrêt des véhicules au coin de la rue est une simple décoration, mieux vaut s’arrêter au milieu du carrefour.
-Si la circulation est très dense et vous semble trop lente, ne perdez pas votre temps et roulez sur le trottoir pour dépasser tout le monde.
-Quels piétons?

Mon conducteur particulier me dépose finalement à l obchijitie (la résidence), grosse baraque qui ressemble à une prison mais qui semble beaucoup mieux entretenue que tous les bâtiments des alentours. Dans ma chambre, je fais la connaissance de mon coloc: un gentil Chinois, installé ici depuis deux ans. La seule langue que nous avons en commun est le russe. Je sens que je vais progresser vite.

Bon, je pensais narrer dans le détail toutes les aventures palpitantes qui me sont arrivées ici, mais, a bien y penser, ça risque d’être un peu long et pas du plus palpitant (du genre, aujourd’hui, j ai acheté une botte de carottes et je me suis trompé d’autobus), alors je vais plutôt fonctionner par rubrique sur des sujets précis, ce qui va vous permettre, via mes observations ultra-scientifiques et toujours objectives, de vous faire une idée nette et précise de la vie en Russie. Donc, fin du format ÉPISODES et début du format RUBRIQUES.

Rubrique 1 : les Moustiques
Je suis maintenant bien installé dans la résidence, où nous avons la télé, internet et même la douche! C est un petit peu petit et disons qu’il serait impossible de faire une compétition de tango dans le mètre carré d’espace libre entre les lits, mais ça n’était pas non plus dans mes projets. Le principal désagrément ici, c’est les moustiques qui m’empêchent de dormir. C’est un peu ridicule à dire, car ce n’est pas comme si j’en étais à ma première rencontre avec ces charmantes bestioles, mais il faut dire que les moustiques russes sont paranormaux. Au premier abord, ils semblent physiologiquement identiques a nos bons vieux maringouins, mais ce n’est la qu’un fourbe déguisement pour dissimuler leur véritable nature. Car, en fait, ce sont de Supers-Maringouins! Tout d abord, ils vont à une vitesse tout a fait impossible et dont la seule explication plausible est la téléportation. Au moment où l’on réussit à en voir un, il disparaît aussitôt pour réapparaitre une seconde plus tard à quelques mètres de là. Et non, ce n’est pas un autre maringouin. Ensuite, ils sont immortels. Moi qui peut me vanter d’être l’auteur de nombreuses hécatombes parmi les moustiques québécois, je n ai jamais réussi à écraser un seul moustique russe. Comme la technique du meurtre artisanal ne semble pas avoir d’effet, moi et mon coloc avons décidé de recourir à la manière forte : nous avons complètement enfumé la chambre d’un produit antimoustique tout a fait terrible et qui doit être interdit dans tous les pays civilisés. J’ai cru que les appareils électriques allaient fondre et la tapisserie se détacher, mais finalement le mobilier a survécu et les moustiques, non. On devrait répandre de ce produit partout au Québec, il n y aurait plus un seul moustique vivant (ni plus rien d autre, d’ailleurs).

Rubrique 2 : La communication avec les Russes
Si vous croyez encore au mythe selon lequel les Russes ne sourient presque jamais, eh bien vous avez raison. En effet, la coutume russe veut qu’il ne faut pas sourire quand on n’en a pas sincèrement envie. Et comme, à bien y penser, il n’y a pas beaucoup de situations dans la vie de tout les jours qui donnent spontanément envie de sourire, on ne sourie pas souvent. Il ne faut donc pas s’étonner si tous les vendeurs, tous les conducteurs d autobus et tous les gens dans la rue ne sourient pas, car vendre du linge, conduire un autobus et se promener dans la rue ne sont pas des activités particulièrement drôles. Bien sûr, quand ils sont entre amis, et d’ailleurs les Russes adorent sortir entre amis (en fait, y a-t-il un peuple qui n’aime pas sortir entre amis?), les Russes sourient, ils savent comment faire. Mais dans les situations de la vie de tous les jours, les Russes trouvent complètement ridicules les étrangers qui sourient quand ils achètent un billet d’autobus et ont plutôt l’impression que nous sommes débiles légers. Si on veut faire des comparaisons, c’est un peu l’impression qu’on a lorsqu’on fréquente des Chinois (il y en beaucoup ici) qui sourient de façon permanente, qu’ils soient contents ou pas, et alors on a le sentiment que ça fait faux.
A part ça, la communication avec les Russes se déroule étonnamment bien, moi qui n’était pas capable d’aligner deux mots en Russe quand j’étais au Québec. D’ailleurs, la fois ou neuf étrangers sont restés coincés dans un ascenseur (capacité maximale : 4 personnes), j’ai même servi d’interprète avec le technicien russe. C est à dire que je traduisais les insultes et les cris de ce charmant technicien qui s’était fait réveiller en pleine nuit. Mais à part ces quelques moments de gloire, mes conversations avec les Russes varient de l’échec lamentable au succès relatif, selon les jours et selon ma chance.
Le fait est que les Russes me prennent tout le temps pour un Russe et s’adressent spontanément à moi dans la rue, probablement à cause de mon air sympathique, serviable et admirable en tous points. Alors bref, ils m’arrêtent et me posent une question. Il y a alors deux possibilités :
Possibilité 1 : Je ne comprends pas un mot de ce qu’il raconte, ou alors pas assez pour comprendre le sens profond de leurs préoccupations et je réponds n’importe quoi (souvent) ou alors que je ne le sais pas (rarement). Alors, les Russes peuvent réagir de deux façons :
Possibilité 1.1 : Ils sourient de façon sympathique en réalisant que je suis un étranger et tentent de m expliquer davantage leur question avant d’abandonner en s’apercevant que c’est une cause perdue.
Possibilité 1.2 : La plus drôle : ne réalisant pas que je suis un étranger et me prenant pour un retardé mental, ils reculent en ouvrant de grands yeux puis m’ignorent complètement, comme si je n’avais jamais existé.
Possibilité 2 : Par miracle, je comprends parfaitement la question et je trouve les mots pour répondre de façon correcte et le Russe se retire satisfait, sans réaliser que je ris de façon machiavélique derrière lui, car j’ai habilement réussi à dissimuler ma véritable nature d’espion étranger.
Bon, mes relations avec les Russes se bornent pour l’instant à ces brèves conversations de rue, ainsi que des discussions avec mes professeurs. Il serait temps que je me tienne un peu moins avec des francophones (Français, Suisses, Belges) et que je me fasse des amis russes. Mais je ne vois pas quel intérêt ils auraient a m’entendre massacrer leur langue, a part bien sûr profiter de ma réjouissante présence.

Bon, je sais que je parle de trucs assez bizarres et que j’oublie probablement de parler du plus important, mais ce serait un peu long d’aborder tous les aspects de la vie ici. Si vous voulez avoir des nouvelles sur un sujet précis (exemple, l’architecture, les transports, la météo, la soupe a la betterave, la mafia, l’art néo-birman de la période du Majmalarada supérieur, la vodka, etc.), faites-moi parvenir un formulaire dûment rempli. Gardez la copie rose et faites-moi parvenir la bleue.

Ah, et j’ai oublié de dire que je vais bien, à part la mutation étonnante qui m’est arrivée mais dont je vous réserve la surprise pour mon retour.

Donnez-moi de vos nouvelles, ou des nouvelles du monde, parce que la lecture des journaux russes s’avère encore assez souffrante pour le cerveau et que je suis donc assez déconnecté de tout.

Nou, paka!



Guillaume ( Ça, c’est mon nom écrit en russe, mais avec l’alphabet latin)

17 septembre 2006


P.S. Longue vie à la Musaraigne constipée. Vérification faite, les clôtures russes sont moins dangereuses à escalader que celles près de La Ronde.
P.P.S. Simon Letendre, pourrais-tu me faire parvenir les adresses électroniques de Simon Murray et de la députée de Depelteau, s il-te-plait? Merci.

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