lundi 29 juin 2009

Guillaume chez les sombreros, tome 1


¡Hola amigos! ¿Cómo están?

A lire la ligne qui précède, nombreux sont sans doute ceux qui se demandent comment je suis parvenu a un niveau d’espagnol si élevé. Disons le tout de go, je n’ai aucun mérite. Il s’agit simplement de l’effet conjugué de ma présence au Mexique depuis un mois et du refus borné des gens à collaborer le moindrement pour parler russe avec moi. Sous l’impitoyable soleil des tropiques, mon espagnol s’est donc liquéfié jusqu’a devenir plutôt fluide, bien que des grumeaux de russe, de français et de mots inventes subsistent encore. Par ailleurs, je tiens à préciser tout de suite, que ce message est certifie « Sans grippe porcine », de même que les photos qui l’accompagnent et le site internet qui l’abrite. Vous pouvez donc continuer la lecture en toute tranquillité d’esprit et retirer ce masque qui vous donne un air de figurant dans un film-catastrophe. Contrairement a ce que ma mère m’avait garanti, ma tendre moitie et moi n’avons pas passe notre voyage en quarantaine, mais bien en milles lieux exotiques aux noms imprononçables, a sucer des popcycles au jus de lime et des suçons au melon d’eau enrobes de chile. Ce fut un voyage riche en découvertes, tout particulièrement grâce aux gens que nous avons rencontres qui ont eu la générosité de nous montrer des coins méconnus. Ils nous ont aussi appris des trucs utiles, comme la technique pour manger des tacos sans avoir l’air d’un touriste, ainsi que des exercices de prononciation qui défient toutes les lois de la physique buccale (voir plus bas). Au terme de toutes ces aventures, Geneviève est rentrée au Québec, chargée de souvenirs, et je suis venu m’installer a Guanajuato, ou je suis actuellement et ou je resterai jusqu'à la fin d’aout pour liquéfier mon espagnol encore davantage.

La vue a partir de ma chambre, dans mon appart a Guanajuato

Rubrique 1 : La grippe porcine

Évidemment, on ne peut parler du Mexique ces temps-ci sans toucher un mot de la pandémie qui ravage supposément le pays, semant sur son passage mort, désolation et mouchoirs usages. A ce sujet, je tiens à dire… qu’il n’y a rien à dire. Non seulement aucun cadavre ne jonche les rues, mais il n’y a pas la moindre trace d’inquiétude chez les Mexicains, pas même d’une légère panique générale. Les gens vont et viennent dans les lieux publics sans se soucier aucunement d’une potentielle contamination. En fait, nous avons observe plus de personnes portant des supports en mousses pour le cou (!) que de personnes portant le fameux masque du petit chirurgien qui a tant défrayé la manchette chez nous (ce qui me porte a croire que l’épidémie de grippe porcine cache en fait une épidémie de torticolis, beaucoup plus grave). L’enquête maison que j’ai menée indique qu’aucun Mexicain ne connait qui que ce soit qui ait contracte le malicieux H1N1, qu’une bonne majorité de la population pense que l’épidémie est en fait le fruit d’une conspiration politique visant a distraire de la corruption du gouvernement, alors qu’une certaine minorité pense que les événements ont été exagérés par mesure de prudence, de même que pour distraire de la corruption du gouvernement (résultats valides avec une marge d’erreur de 3%, 1 fois sur 20). Conclusion, la grippe porcine n’est au Mexique ni une menace, ni même une préoccupation. Un autre mythe pulvérisé par le bras vengeur de la vérité!

Ah, j’allais oublier de mentionner que, de retour au Québec, Geneviève, la mascotte de ce blog, a inopinément réalisé qu’elle avait attrape la grippe porcine. Je le souligne : ce n’est pas une blague. Elle a été diagnostique à l’hôpital et tout le tralala. Si vous voulez lui apporter des oranges, ce serait bien gentil, mais vous devrez les lui lancer sur le balcon, car elle est en ce moment en quarantaine dans notre appartement et elle ne doit pas entrer en contact avec personne sous aucun prétexte. Faites vite cependant, car elle sera sur pied dans quelques jours.


Pour vous aider a vous remettre de cette nouvelle, quelques photos.

Patzcuaro


Guanajuato


Palenque


Monte Alban (remarquez le petit lezard, strategiquement place)


Mexico


Oaxaca


En chemin vers l'ile de Janitzio, puis l'ile, en personne


Rubrique 2 : les topes

Le tope (prononcer topé), chez nous, porte le nom charmant de dos d’âne, soit une protubérance de la chaussée visant à forcer les voitures à réduire leur vitesse. Je reconnais que la chose en elle-même n’est pas vraiment fascinante, ni même jolie ou agréable au gout, mais il est intéressant d’observer de quelle manière elle est utilisée au Mexique. Constatant que les Mexicains n’ont qu’une faible tendance à respecter les limites de vitesse et qu’il y a rarement des policiers disponibles pour les rappeler gentiment a l’ordre, le bon génie mexicain de la sécurité au volant, ce coquin fripon, a parsemé les routes du pays d’innombrables topes. Il ne faut donc pas s’étonner de rencontrer ces charmantes bestioles aussi bien sur les petites que sur les grandes routes, en ville comme a la campagne. Plutôt rares sur les autoroutes, les topes foisonnent dans les villages, ou on en trouve a tous les 100 mètres, ce qui donne a la conduite un caractère quelque peu saccadé.

Injustement ignore par les guides touristiques, le tope peut, a mon avis, être considéré comme une œuvre d’artisanat local, a l’instar des maracas, des hamacs et de cette magnifique tasse I♥Cancun qui trône dans le fond de votre armoire de cuisine. Selon les régions, le climat et l’humeur des élus locaux, on trouve des topes de toutes les formes et des toutes les couleurs de l’arc-en-ciel :
- des gros
- des petits
- des géants
- en béton
- en asphalte
- en métal (prennent alors la formes d’une série de demi-sphères, ce sont les plus terribles)
- des tout noirs
- des rayes jaunes
- des convexes
- des concaves
- des concaves, puis convexes (je vous ferai un dessin)
- et vice-versa
Sans mentionner que certains sont affiches, d’autres non, et que d’autres encore sont affiches mais n’existent pas. J’imagine que le tope fantôme est le plus rentable pour la municipalité : même effet, mais beaucoup moins cher question matériel et main d’œuvre.


Maintenant, quelque photos de la vie au Mexique




Ah! Qui peut arreter l'amour?


Rubrique 3 : la lucha libre
Quoi de mieux pour aider à digérer un bon taco brulant que de contempler des montagnes de muscles masquées se défouler dans un grand festin de violence simulée? Aller regarder de la lucha libre, soit la version mexicaine des spectacles de lutte amateur, constitue l’un des meilleurs moyens pour le prolétaire de satisfaire ses pulsions violentes sans déchirer son linge ou menacer la paix sociale. Mon premier contact avec le phénomène remonte à mon séjour dans Mission à San Francisco, ou je découvre les fameux masques de lutteurs multicolores (voir la première photo de Guillaume chez les surfeurs, tome 2), mais ce n’est qu’a Mexico que j’assiste à mon premier match. La lucha libre est un spectacle très ritualise et, par conséquent, plutôt répétitif. Il comprend une série de combats, en commençant par l’affrontement de pauvres cloches et en finissant par les têtes d’affiches. Chacun de ces combats commence de la même façon : une dizaine de pitounes (blanches) en bikini viennent se trémousser sur la passerelle qui mène au ring en faisant des clins d’œil coquins a la camera, qui ne se gène pas pour écraser sa lentille sur leurs glandes mammaires. Le tout est projeté dans toute son ampleur sur le grand écran qui surplombe le ring. Puis, chacun des protagonistes du combat apparait dans un nuage de boucane artificielle. Devant la camera et surtout la foule qui s’époumone, le lutteur fait saillir sa musculature et pousse des rugissements virils à faire pâmer un gorille. Il s’avance ensuite jusqu’au ring, grimpe sur les cordes et fait de grands hourras avec ses bras, invitant la foule à l’acclamer, ce qu’elle fait avec entrain lorsqu’il s’agit d’un « gentil » et avec plus de réticence pour un « méchant ». En effet, chaque combat met en scène l’affrontement d’un nombre égal de « gentils », généralement vêtus de blanc et portant des noms tels que Santo ou Mystico, et de « méchants », vêtus de noir et répondant a de doux noms tels que Mefisto.

Le programme de la soiree


Le combat, bien sur, n’en est pas vraiment un. Tous les coups sont simules, avec plus ou moins de réalisme. Certains sont assez bien faits, comme les grands sauts du haut du ring sur un lutteur déjà hors-ring, avec débordements sur les spectateurs des premières rangées, qui bondissent pour ne pas recevoir 300 livres de muscles masques sur les genoux. D’autres coups font franchement calinours, comme les coups de poing qui sonnent, ont l’air et sont des tapettes sur la poitrine. Mais le tout dégage la bonne testostérone en sante et s’apparente, dans son excès, a un spectacle burlesque muet, avec ses quiproquos (« saperlipopette, j’ai tape mon copain par erreur »), ses surprises prévisibles (« pendant que tu triomphais devant la foule, je te botte le derrière hors du ring ») et ses mimiques exagérées (« Je suis le roi du monde !» ou a l’inverse « J’ai perdu mais je me vengerai! »). Le tout ponctue de quelques pin-up qui viennent marquer la fin de chaque round en se déhanchant avec générosité et qui se font siffler par le stade au complet. On sort rassasie de tant d’énergie et, surtout, heureux : voila bien le seul endroit ou les « gentils » gagnent toujours!


A la demande generale, encore des photos

Morelia



San Miguel de Allende


Mexico

Rubrique 4 : la Saint-Jean

Le 24 juin nous sommes à Uruapan, ou nous visitons une amie de Geneviève. Quelle n’est pas notre surprise d’apprendre qu’une fête populaire est organisée pour la Saint-Jean dans l’un des quartiers de la ville. Transportes par une légitime frénésie patriotique, nous nous y précipitons. Ce qui nous y attendait n’a rien à voir avec les célébrations du parc Maisonneuve. La fête, ici, n’occupe qu’une petite rue, mais la foule y est très dense. Sous la lumière des ampoules disposées pour l’occasion, une marée humaine se meut lentement autour de quelques kiosques de chips, churros et barbes à papa géantes. Le mouvement est difficile et l’on peut compter les cotes de son voisin avec ses coudes, mais le sourire est aux lèvres de chacun. L’ambiance rappelle celle d’une foire. La présence de kiosques de jeux y contribue. Soudainement, tous les yeux se lèvent. Le castillo de fuego commence son spectacle pétaradant. Le château de feu est une grosse structure métallique bourrée de feu d’artifice. Un après l’autre, les feux sont allumes et brulent en tournant sur la structure. L’effet est joli, mais surtout très impressionnant, car le tout se déroule a seulement dix mètres des gens masses a sa base. Plus le castillo de fuego s’embrase, et plus la fumée envahit la foule et fait pleuvoir les étincelles, créant un spectacle d’une rare intensité. Les gens s’excitent et s’effraient parfois lorsque les gouttes de feu tombent trop près, mais ne peuvent quitter des yeux le grand squelette illumine. Au terme d’une orgie pyrotechnique, le spectacle culmine finalement en une apothéose de fumée, de bruit et de lumière, alors que la couronne du castillo s’enflamme et s’envole en tournant dans les airs. On la voit retomber, toujours en feu, un peu plus loin dans le quartier… La foule pousse un grand aaaaah… et soudain sursaute : des feux d’artifice éclatent maintenant directement au-dessus de nos têtes. Immenses. Magnifiques. Il pleut de la lumière. Alors qu’un rideau de fumée tombe (littéralement) sur la fête et que la foule se disperse lentement, je me dis qu’il y a quelque chose de spontané et de chaotiquement joyeux dans cette fête populaire que j’ai rarement vu au Québec, ou tout est plus organise et plus sécuritaire. Certes, un duo Éric Lapointe – Marie-Chantal Toupin sur la scène du parc Maisonneuve produit de belles étincelles, mais ce ne sont pas de celles qui brulent vraiment.

Le castillo de fuego. La photo n'en donne qu'une faible idee.


Rubrique 5 : exercice de prononciation

Voici un exercice de prononciation qui vous laissera les maxillaires pantois. Un suçon au melon d’eau enrobe de chili a celui qui parvient à le dire sans erreur ni hésitation.


El volcán de Parangaricutirimmicuaro

Se quiere desparangaricutirimizar

El que lo desparangaricutirimice

Sera un buen desparangaricutirimizador


Le volcan de Parangaricutirimicuaro existe vraiment. Nous l’avons escalade et, a vu de nez, il n’avait pas l’air de vouloir se desparangaricutirimiser.

Paysage de lave sechee aux environs du volcan de Parangaricutirimicuaro

Sur ce, je vous souhaite un bon été. Mais n’oubliez pas, il s’agit d’une saison pleine de dangers : ne plongez pas dans le pas-creux et léchez votre crème glacée de façon stratégique, sinon gare aux taches!


On se revoit en aout. Je serai le gars avec le masque de chirurgien, le bronzage de touriste et le T-shirt « Born to be Wild Guanajuato »


A plus, bande de vous-autres!


P.S. Merci a Ge, a qui revient la moitie des credits photographiques. En passant, vous pouvez cliquer sur les photos pour les agrandir.

P.P.S. Le deficit d'accentuation de cette chronique reflete celui des claviers que j'utilise.

Touche par la grace